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L'univers poétique de Marie Duval, "Princesse des poétesses"

1 avril 2022

Poèmes de jeunesse - 35: Rêverie

Saut

Saut, pastel de Stéphane Gentilhomme, 16 août 2017 (monmuseemamuse.canalblog.com)

 

Rêverie

L'enfant saute à cloche pied
De nuage bleu en nuage rose
Ainsi il arrive chez une grosse araignée
Habillée d'une robe d'aurore et de soleil
Il entre dans sa maison de dentelle
Et s'installe tout près d'elle, à ses pieds
Puis l'enfant repart, continue sa route
Mais la route est longue, très longue
Alors il appelle du lointain un oiseau
Grimpe sur son dos et s'envole.
Soudain un bruit atroce les secoue
Un tremblement d'air peut-être.
L'oiseau, l'enfant, les nuages, l'araignée
Se mettent à tourner très vite...
Les yeux de l'enfant s'ouvrent
Le soleil lui chatouille le nez...
La sonnerie du réveil s'arrête. 

(17-20 ans)


NDE : L'auteure connaissait-elle Le réveil en voiture de Gérard de Nerval ? C'est bien à ce poème qu'il me fait songer. Mais là, juste l'imagination, sans nulle drogue aidant. L'auteure ne fumait, ne se droguait ni même ne buvait.

 

 

 

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1 avril 2022

Poèmes de jeunesse - 34: Prévert est mort!...

Poèmes de jeunesse de Marie Duval- Prévert est mort -Capture d’écran 2022-04-01 085149

Prévert est mort !
Et les clochettes du muguet
Sonnent le glas
Prévert est mort !
Le nuage rose dans le ciel gris
Fond de chagrin
Prévert est mort !
Et la coccinelle file au paradis
Lui ouvrir les portes
Prévert est mort !
Une étoile scintille dans les prés
De l'éternel infini
Prévert est mort !
Et une lumière d'espoir vivant
Quitte notre terre :
Prévert est mort.


Marie Duval (16 ans)

 

NDE : Jacques Prévert, le célèbre auteur de Paroles est mort le 11 avril 1977. Ce poème a été écrit après son annonce, en pleine floraison du muguet.

 

1 avril 2022

Poèmes de jeunesse - 33: Minet et...

Poèmes de jeunesse de Marie Duval - Minet (Capture d’écran 2022-04-01 084558)

 

Minet et...

 

Dans la ville active d'un après-midi d'été,
Le long des trottoirs se promenait un minet
Bien dodu dans son noir pelage épais et soyeux
Sous quelques poils égarés ses deux beaux yeux
Brillaient vivement, scruptant l'avenue et ses passants.
Soudain au détour d'une rue il vit un objet rougeoyant :
C'était noir, long avec un point incandescant au bout.
Minet dressa les oreilles, hérissa son beau poil doux
Et s'approcha prudemment, le contournant sans bruit
C'était un cigare égaré, surmonté d'une fumée bleuie
Minet intrigué observa vainement cet objet inconnu
Renifla la fumée qui jouait dans le vent de la rue
Puis essaya de l'attraper avec des bonds désordonnés
Qui bien sûr n'aboutirent à rien mais la firent s'évaporer
Minet un instant découragé se mit alors à l'observer
Et reprit bientôt son manège sans jamais se lasser.
Cependant peu à peu la fumée disparut dans l'air
S'évanouissant en un nuage de poudre légère
Minet s'intéressa alors davantage au cigare ravivé
Se recula un peu et posa enfin sa patte à l'extrêmité
Mais aussitôt il la retira poussant un miaulement de douleur
Et l'agitant dans le bon air frais de cette heure
Puis il partit effrayé, jetant un dernier regard rageur
À cet objet bizarre si dangereux pour les minets fouineurs

1 avril 2022

Poèmes de jeunesse - 32: L'arbre aux mille racines

Marie Duval (poèmes de jeunesse - Photo 1 du cahier pour L'Arbre aux mille racines)

L'arbre aux mille racines
Là-haut sur la verte colline
Près de ma vieille maison
Quand j'étais petit garçon
Me berçait les soins de grand vent
De ses histoires pour petits enfants

Mais tous les deux aujourd'hui
Nous avons beaucoup vieillis...
Toujours pourtant mon cœur
Est pris par son charme plein de douceur
Et j'aime encore m'allonger
Près de son tronc noirci et brisé
Et écouter pendant des heures
Le chant qui s'exhale de son vieux cœur
Il est le compagnon de ma jeunese
Le guérisseur de ma détresse
Et je viens tout près de lui
Chercher le sens de ma vie
Un arbre, c'est si fort, c'est si bon
C'est presque aussi fort qu'une maison.(1)
Le vent dans ses hautes branches
Lance ses chansons et s'épanche
(comme tous les êtres peuplant les bois)
De ses soucis dans ce bon cœur de bois
C'est le rendez-vous secret des amoureux
Le témoin discret de leurs ébats joyeux
Et le refuge de leur inconsolable tristesse
Quand cet amour de jeunesse
Presque trop beau pour durer
Vient de s'évanouir en fumée
Il semble si vivant et près de nous
Il semble si fort et si grand à côté de nous
Que nous pouvons que l'aimer comme camarade
Sans que sa bonté et sa noblesse ne se dégradent
Comme celles d'un être en qui l'on croyait
Mais qui un jour nous trompe à jamais

 

(1) Ces deux vers ont été biffés quelques années après leurs composition, encore une fois à tort, ces vers ont beaucoup de charmes, surtout le second.

 

1 avril 2022

Poème de jeunesse - 31: Sur la vitre sale du wagon triste

Sur la vitre sale du wagon triste

J'ai découpé une fenêtre du doigt
L'automne m'a sauté au cœur
Avec ses lambeaux de couleur
Suspendus aux arbres du froid
Mon cœur transi dans sa cage de silence
S'est alors évadé loin des sphères du réel...
Et nous étions ensemble sur une plage
La brume nous éclaboussait de tendresse
Nous courions libres, nous avions des ailes
Nous goûtions le bonheur d'être amoureux...
Sur la vitre du wagon triste
Ma fenêtre s'est voilée de buée
L'automne s'est effacé de mon cœur
Y laissant, comme un feu de joie, ses couleurs
Et ma lourde peine lentement s'effrite
Tandis que le train s'enfonce dans la brume


(17-20 ans)

 

NDE: A comparer avec les deux précédents poèmes sur le même thème et avec Rêvé pour l'hiver d'Arthur Rimbaud, par exemple.

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31 mars 2022

Poèmes de jeunesse - 30: Les tentacules de la pluie griffe...

 

Turner - train 9+Turner-pluie-vapeur+et+vitesse

                                                                                Pluie, vapeur, vitesse (1844) de William Turner

 

Les tentacules de la pluie griffe
Les carreaux où la nuit se crucifie
Et dans ce train à destination d'un rêve
Elles cherchent à me déchirer la vie

Je voudrais pouvoir lutter contre la pluie
Lancer mes bras comme des flèches de poison
Vers ce corps mou qui cherche à m'éclater,
Mais dans cette coque de métal je suis emmurée :

Inactive, je subis l'assaut ; et l'effroi
Amplifie dans mon cerveau de falaise
L'atroce bruit qui se brise en hurlant
Sur l'indifférence du train de nuit

(17-20 ans)

 

NDE: Comparer avec "Le train du bon vieux temps" (12-14 ans)

 

 

 

 

31 mars 2022

Poèmes de jeunesse - 29: Le train du bon vieux temps

 

Train dans la campagne - Claude Monet

Le train du bon vieux temps

 

Dans la campagne
Le petit train s'éloigne
Tout doucement il passe
Laissant dans le ciel sa trace
De fumée blanche et grise
Qui s'élève à sa guise
Dans l'azur à peine nuageux
Sur sa route les enfants joyeux
Le saluent et l'acclament
Ravi de sa visite dans leur pays calme
Bien souvent les vaches étonnées
Le regardent passer effrayées
De son apparition bruyante
Dans leur campagne charmante
« Petit messager rapide sur tes rails gris
Dans quel merveilleux pays
T'arrêteras-tu un jour enfin
Toi qui voit à peine nos mains
Qui pourtant se tendent si gentiment
Pour t'inviter à te reposer un moment »
Crient les paysans chagrinés
De le voir toujours s'en aller
« Regarde nous villageois, te saluer
Accompagnant ta course de nos regrets
Que jamais tu ne contentes
Si ce n'est par ton passage qui nous enchante »
Et pourtant un jour enfin
Au bout de sa course pour les pays lointains
Il s'est arrêté à jamais
Dans une petite gare qui l'attendait
Trop démodé pour continuer son chemin sur les rails
Et trop las de son service sans faille
Il a été remisé dans un vieux hangar
Là où les enfants le dévorent du regard
Songeant au temps disparu de sa jeunesse
Qui jette encore dans leur cœur en liesse
Son parfum de folles aventures charmantes
Dont nul n'oubliera la saveur grisante

(12-14 ans)

 

NDE: à comparer avec "Sur la vitre sale du wagon triste..." (17-20 ans)

 

31 mars 2022

Poèmes de jeunesse - 28: L'ennui, triste maladie...

L'ennui triste maladie
Ronge la vie, sans bruit
Au rythme des secondes
Qu'égrène inexorablement le temps
Le temps qui détruit tant de choses
Tant de gens et de sentiments
Le temps qui ne s'arrête jamais
Qui ne sait pas mourir ni oublier
Le temps, monstre qui effraie les hommes
Ces hommes que nous sommes
Pauvres fourmis qui croient être tout
Et qui semblables aux sauvages qu'ils renient
S'entretuent alors qu'au-dessus d'eux
Apparaissent des choses... qu'ils refusent de voir
Car ils ont peur, peur de l'inconnu, du néant
Peur de ce qu'ils deviendront et de ce qu'ils sont
Et cette Peur leur donne froid dans le dos, les fait pleurer
Les fait gémir, les fait s'enfuir,
Les dégoûtent peu à peu de la vie et trace la route...
Une belle route toute droite, noire, large et profonde
Où passe sans mal et règne en maître : L'ennui
Envahissant les rues de ses yeux vides
Et de ses larmes amères qui tristement coulent
Sur les joues déjà ridées des gens fatigués
Et des enfants mal aimés, malmenés...
Oh cercle infernal de l'ennui, du temps et de la peur
Cycle qui toujours renaît pareil à lui-même
Ronde diabolique où sans pitié nous sommes traînés...
Quel est le maillon de cette chaîne que l'on peut briser
Et qui ouvrira la porte au bonheur et à la liberté ?

 

NDE: L'ennui lié au temps qui passe. On pense à Baudelaire qui dans Au lecteur ouvrant Les Fleurs du mal parle de l'Ennui décrit comme un « monstre délicat » « chargé d'un pleur involontaire » qui « ferait volontiers de la terre un débris/ Et dans un bâillement avalerait le monde » ; pour le thème du temps, on pense à cet autre poème du même, L'Horloge, et peut-être plus encore à Avec le temps de Léo Ferré. De ce poème de Marie Duval (qui ne signait pas alors Marie Duval) je retiens ces deux sublimes vers :

Le temps qui ne s'arrête jamais
Qui ne sait pas mourir ni oublier
C'est limpide et obscur à la fois.

Une étude de ce poème serait trop longue, mais il y aurait beaucoup de choses à dire tant il est riche d'aspects, de thèmes, dont la peur n'est pas des moindres, véritable obstacle..., enfin profond.

 

 

 

 

 

 

 

31 mars 2022

Poèmes de jeunesse - 27: Le temps passe...

journal créatif 4

pastel de Stéphane Gentilhomme - journal créatif 2013 (monmuséemamuse.canalblog.com)

 

*Le temps passe
La beauté s'efface
Mais le cœur reste
Avec dans chaque geste
Ce qu'on a mis dedans
Depuis qu'on est enfant

*Une maison sans femme
Est comme un foyer sans flamme
Un corps sans âme

*Une maison sans fleurs
Est comme une maison sans coeur

 

 


NDE: Voilà un étrange poème divisé en trois parties marquées par un astérisque précédent le premier vers.
On dirait plutôt qu'il y a deux poèmes, les deux derniers astérisques appartenant au second si on s'appuie sur l'apparente absence de liaison entre le premier poème et le reste en deux parties liées en revanche par une même formule. Mais rien n'est moins sûr. En relisant avec attention on peut voir un pont subtil et mystérieux, il apparaît clair que l'auteure l'a pensé comme un seul poème avec son unité secrète. Ne serait-ce pas l'essentiel, le thème qui les relie ? C'est sa vision des choses sur ce qui est essentiel, on voit en œuvre la pensée d'une jeune fille se projetant dans la deuxième partie en tant que future mère et exprimant pleinement sa féminité, tandis que la première exprime l'essentiel dans le cœur qui seul échappe au temps qui passe et à ses effets destructeurs, grâce à sa nourriture depuis enfant.

31 mars 2022

Poèmes de jeunesse - 26: Timide, une fleur s'entrouvre lentement...

Timide, une fleur s'entrouvre lentement
Peu à peu elle s'enhardie et s'épanouit
Exhalant son doux parfum de nuit
Parfum qui fait rêver aux serments
À l'Amour, à l'amitié, à la Vie...
Le vent agite tendrement ses pétales
Et l'entoure comme le ferait un ami
D'une écharpe d'air chaud et pâle
Séduite elle voudrait le suivre
Partir avec lui dans le lointain
S'évader de sa vie monotone et vivre...
Mais lui soudain repousse plus loin
Et fait perler sur sa robe de velours
Quelques gouttes de rosée argentées
Des gouttes fines, claires comme le jour
Mais tristes comme des larmes d'amour blessé
Le vent redouble alors de violence
Et invite la fleur dans sa danse
Mais le mouvement est trop vif :
Elle perd un à un dans ses gestes hâtifs
Ses pétales tendres comme la plainte d'un luth...
Et la danse Diabolique s'achève sur un son de flûte
Sifflement rageur du vent méchant qui s'enfuit
Laissant au pied de la longue tige meurtrie
Quelques morceaux de velours à peine froissés
Derniers vestiges d'une beauté déjà oubliée.

 

 

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