Lune
Oh lune, fleur immortelle des cieux ;
Qui luit lorsque la nuit tombe ;
Diamant solitaire
Du lit de la profonde rivière de l'univers ;
Unique joyau des sombres profondeurs
De l'éternel infini ;
Reine de la nuit ;
Reine de l'obscurité sans bruit ;
Reine de chaque soir pour toute ta vie ;
Toujours changeante,
Toujours belle,
Toujours adorée
Quoique contestée,
Es-tu encore le porte-bonheur
Du silence, de l'angoisse, de la peur ?
Suspendue au ciel étoilé
De l'été puissant et bienveillant
Tu te fais bouche rieuse
Taquine et sans soucis
Et lui joue des tours...
Gamineries de femme-enfant...
Bouche pleureuse parfois tu es
Et tu t'affiches au ciel triste
De l'hiver pâle et sale
Tu es alors cette femme
Qui vient pleurer
Un lambeau de bonheur
Aux portes des malheureux,
Et qui repart comme elle est venue
Sans être satisfaite dans son besoin exigeant
Ronde comme une médaille
Au ciel argenté du gai bonheur
Tu es une bouche fardée et étonnée
Qui s'efforce de séduire
Le blond printemps innocent
Sensible à tes charmes de femme fatale
Sous le voile léger d'un doux ciel
D'Automne à son déclin
Tu te fais berceau de la belle aurore
Qui entre tes flancs luisants, tranquille repose
Attendant l'heure de paraître
Dans la splendeur éblouissante
De son équipage de feu.
Les soirs de grand vent
Tu te fais lyre fidèle
Et messagère active
Des dieux olympiens
Qui voudraient retrouver
Leur popularité antique
Et voir à leurs pieds se rassembler
Les fidèles de leurs temples désertés, profanés et ruinés
Aux nuits de pluie légère et fraîche
Tu es une sultane coquette d'Orient
Et caches ton voile de fins nuages brodés
Ta douce pâleur de perle nacrée
Pour ainsi reconquérir les adorateurs
Qui Hélas ! depuis qu'ils te connaissent, te délaissent...
Et toi, lune pâle et discrète de plein jour
Presque invisible dans l'azur brillant et calme
Que fais-tu donc là ?
Serais-tu une femme jalouse et curieuse
Qui vient épier les gestes de l'homme bien-aimé
Qui ne veut plus d'elle ?
Serais-tu la divinité des mythologies
Femme martyre délaissée
Et punie d'avoir trop aimé ?
Serais-tu vraiment femme et déesse
Jusque dans l'essence même
De tes entrailles invisibles
Dont les hommes rêvent d'arracher
Le secret aux froids espaces interstellaires ?...
NDE :
Lune est une méditation poétique impressionnante, étonnante et foisonnante d'images et de références : « Reine de la nuit », «femme-enfant », «femme fatale », « dieux olympiens », « divinité des mythologies », etc. La lune personnifiée se trouve décrite sous divers aspects et est interrogée, d'ailleurs, c'est par une suite de questions que se clôt le poème.
Ce poème est le dernier orné de dessins, c'est comme le bouquet final d'un feu d'artifices. Pourtant ce long poème, le plus long de son cahier à vrai dire, n'est pas signé de son prénom comme tous les précédents. Et les deux suivants : Saisons et La beauté du monde seront les derniers signés.