Canalblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

L'univers poétique de Marie Duval, "Princesse des poétesses"

2 avril 2022

Poèmes de jeunesse - 45: [Journal du drame]

[Journal du drame]

 

Regarde la layette est là qui attend
Mais notre enfant ne viendra pas.
Mort, il est mort a dit le médecin
Et il n'y peut rien !

Les fleurs se fanent lentement
Et le fragile papillon est déjà froid
Ton cœur est brisé, je le sens bien
Et je n'y peux rien...

… Écoute, dans la nuit douce, un chant...
Je suis sûr que notre enfant roi
joue dans les étoiles comme un lutin
Et ne regrette rien...

Laisse te larmes couler, tremblant
Je les monterai sur le collier de la joie
Et elles resplendiront dans l'écrin
De notre amour sans fin.

Tes yeux scintillent comme le diamant
Victoire ! la vie a repris ses droits !
Et sèche de son doigt divin
La trace du chagrin...

Espoir ! La lutte contre l'accablement
A vaincu notre nuit aux abois
Et nous reprenons tranquille le chemin
De l'Amour humain

 

NDE: Cet émouvant poème évoque le drame d'une fausse couche et l'épreuve qu'elle constitue dans un couple, épreuve surmontée heureusement par l'Amour. Ce drame est personnel. Jeune maman à 19 ans, Marie Duval eut un premier enfant suivi de deux fausses couches consécutives avant d'avoir un deuxième enfant avec l'homme de sa vie avec qui elle partagea quarante ans de vie. Un jour, vingt ans environ après ces faits, je lui présentai sans connaître cette histoire un pastel qui fut une thérapie pour elle. Elle y vit Tanit, la déesse phénicienne à qui était confié les enfants morts-nés.

Le titre entre crochet a été biffé, j'ai tenu à le signaler.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Publicité
2 avril 2022

Poèmes de jeunesse - 44: H.L.M

H.L.M


Sur les murs nus pleure une longue fissure
Et la vie s'écoule par cette noire barrure
Mais le monstre abrite encore en ses flancs
Beaucoup d'hommes tristes et de chétifs enfants

L'enfer n'est pas si loin de vous parfois
Au ciel il élève son front orgueilleux et sans joie.

Il ne se dévoile pas mais c'est un tyran cruel
Et il vide les yeux de leurs magiques étincelles.
Ne vous croyez pas hors de cette atteinte mortelle :
Il déchire de ses mains hideuses toutes les blanches ailes

L'enfer n'est pas si loin de vous parfois
Au ciel il élève son front orgueilleux et sans joie.

 

NDE: Ce poème qui pourrait être une chanson puisqu'il contient un refrain. Il montre son extrême sensibilité, sans doute un peu mièvre pour le Renaud qui chantait en 1976 dans le provocateur Les amoureux de Paname :

Moi, j'suis amoureux de Paname
Du béton et du macadam
Sous les pavés, ouais c'est la plage
Mais l'bitume c'est mon paysage

On n'oubliera pas de mettre en balance le mythique Dans mon H.L.M  où il chantait en 1980, correspondant plus à l'époque à laquelle Marie Duval composa son poème (peut-être est-il même de la même année?) :

Putain, c'qu'il est blême, mon H LM
Et la môme du huitième, le hasch, elle aime

 L'évocation imagée des H.L.M du refrain de Marie Duval (qui ne s'appelait pas encore de ce nom de plume) est sublime à défaut d'être gaie.

2 avril 2022

Poèmes de jeunesse - 43: Papillon

https://alabama.butterflyatlas.usf.edu/species/details/106/black-swallowtail

 

Papillon


Dans le jardin vert de l'Amour
La chenille mordorée a vu le jour
Fraîche et velue à souhaits
C'était une merveille qu'elle présageait.

Mais Hélas un jour funeste et cruel
Fit de la pauvre chenille si belle
Une caricature de son espèce
Aux membres tordus, pleins de faiblesse.

Un papillon naquit de cette triste fleur
Papillons surprenant de laideur
Dont les fragiles ailes noires
S'ornent d'une paire d'yeux hagards.

Et la pauvre bête erre solitaire
Entre les chemins de la vie fière
Heurtant sa tête aux quatre coins
De ce monde obscur et inhumain

Pourtant dans son lointain avenir
On voit une pâle lueur d'or frémir
Promesse de liberté et de bonheur...
Mais le papillon le verra t-il à l'heure ?

Ami ne te moque pas des bêtes
Qui souffrent mais s'entêtent
À trouver le chemin de la joie
Ce papillon : c'est moi –

 

 

NDE: Ce poème, le deuxième sur le papillon, mais qui n'est pas un hymne, est d'autant plus touchant qu'il évoque la métamorphose difficile de l'adolescence, notamment dans le corps, qui est vécue souvent, sinon toujours comme une «horrible naissance » comme disait Stéphane Mallarmé, et encore plus chez une enfant peut-être qui voit sa poitrine se gonfler et attirer les regards. L'image des « fragiles ailes noires » qui « s'ornent d'une paire d'yeux hagards » est extra et peut-être interprétée à différents niveaux. Enfin, il y a regret, nostalgie de l'état de chenille, vie antérieure, plus cachée au monde, ce monde qui lui paraît « cruel et inhumain », en même temps, cette chenille né dans « le jardin vert de l'Amour » semble bien avoir été trompeuse... La fin du poème est fantastique. Encore une fois.

 

 

 

2 avril 2022

Poèmes de jeunesse - 42: St Valentin

St Valentin


Jour des amoureux
Jour des gens heureux,
Mon cœur se serre
Font ma nuit solitaire
Glace mon bonheur.
Sur le miroir brisé
J'ai vu ton portrait...
Mais tu es parti
L'Amour s'est enfui
Saccageant les fleurs
De mon jardin secret...
Mais chassons les regrets,
Jour des gens heureux
Jour des amoureux
                   Adieu.

 

 

2 avril 2022

Poèmes de jeunesse - 41: La tragédie irréelle (ou "à Marie")

La Naissance de Vénus (1) Odilon Redon

 

 La naissance de Vénus, Odilon Redon, 1912, pastel, Museum of Modern Art

 

La tragédie irréelle
(ou « À Marie »)


On entend la mer dans le coquillage dit-on
J'ai entendu le coquillage dans la mer sans fond
Je l'ai pris entre mes mains tranquilles
Et l'ai touché sur le sable blond de l'île

Elle est sortie de la minuscule coquille
Elle s'est mise à danser comme une petite fille...
Les gens se sont rassemblés autour d'elle
Attirés par l'éclat de sa peau piquetée de soleils
La longueur fluide de ses yeux scintillants
Et la pureté de son regard bleu d'Argent

Puis du lointain est arrivé à cheval
Un beau cavalier fringant sur son animal
- Je savais que tu viendrais, dit-il
- Je t'attendais, dit-elle, je t'aime...
- Je crois que je t'aime, dit-il
Et une brume légère se glisse entre eux
Je t'emmène dans mon pays dit-il
Je ne peux vivre loin de la mer dit-elle...
Et la brume s'épaissit un peu
Aime-moi, crie t-elle de toutes ses forces
J'essaierai répond-il à voix basse
Et le brouillard les sépare insensiblement
Adieu, je t'aime, dit-elle
Le cavalier s'enfuit à tire-d'aile
Adieu, je croyais t'aimer dit-il

Éplorée elle s'abat sur le rivage
Tout est opaque autour d'elle et sur la plage

La coquille s'est maintenant refermée
La mer qui murmure tendrement
La saisit de ses doigts liquides aux ongles nacrés
Et la berce pour apaiser son lourd tourment
« Ce monde n'était pas pour moi ?
« Je me suis trompée de jour... ou d'Amour ? »
« Oublie, Oublie » chante la mer. OUBLI.

 

 

NDE : C'est le type même de poème que j'ai hâtivement jugé médiocre, trop gauche pour être publié à cause de la suite de « dit-elle », « dit-il »..., mais encore une fois en recopiant je me suis immergé dedans et ai été séduit, conquis. Avec ses poèmes il faut se méfier des apparences et entrer dans leur intelligence. Non, pas de régression comme je le pensai. Il y a beaucoup de silence et de mystère dans ce poème qui évoque Vénus sortant des eaux, de sa coquille, telle qu'elle fut représentée depuis l'antiquité grecque, mais au niveau de l'ambiance, les œuvres picturales sur ce thème qui s'en rapprochent le plus, sont assurément les pastels d'Odilon Redon. Il y manque juste le cavalier. Par chance, un quatrième pastel de Redon représentant un cavalier complètera ce manque. Il y a d'ailleurs une charmante redondance entre « cavalier », « cheval » et « animal » dans le poème de Marie Duval.

 

La naissance de Vénus, Pastel, Odilon Redon, vers 1912, 84,4 x 65 cm, Musée du Petit Palais, Paris.

 

 

 Le Cavalier vert, Odilon Redon, pastel 1904, collection privée

 

 Coquille 1912 Musée d'Orsay

Publicité
2 avril 2022

Poèmes de jeunesse - 40: Jean-François...

Jean-Françis Gounelle
C'est une pauvre ficelle*
Qui sème la pagaille
Et qui souvent déraille
C'est le réel martyr
Des filles du lycée :
Son nez crochu fait rire
Et son air altier le fait détester
En face des filles hardies
Il se transforme en pivoine
Il se fait tout petit !
Et voudrait être un moine
Pour mieux cacher
Son horrible timidité... !

 

NDA : « ficelle au sens de pain »

 

1 avril 2022

Poèmes de jeunesse - 39: Je dis M...

Portrait de Marie Duval ado par un artiste de rue


Je dis M. . . .

 

Je dis M. à la vie qui s'est imposée à moi
Je dis M. à la société qui me force à devenir
Et m'empêche d'être tout simplement
Je dis M. aux gens qui se croient si importants
Qu'ils ne peuvent perdre une minute de leur temps
Je dis M. aux grands charcutiers de l'âme
Qui dissèquent, étudient, classent les idées et les hommes
Je dis M. à tous ceux qui se battent contre leurs frères
Pour je ne sais quelle raison obscure : instinct du chasseur ?
Je dis M. à tous ceux qui passent leur vie à la gagner
Et qui oubliant de la vivre étouffent les autres
Je dis M. à l'amour avec ou sans grand A
On m'en a tant parlé que je ne sais plus ce que c'est
Je dis M. à l'imbécilité des hommes qui disposant
D'une intelligence s'en servent pour se compliquer la vie
Je me dis M. à moi cette folle inconsciente
Qui se donne le droit de juger sans agir.

1 avril 2022

Poèmes de jeunesse - 38: Des roses sur les lèvres...

 

Oh Les beaux jours (peinture Balthus)

                                                                                             Les Beaux Jours (1944-1946) Balthus

 

Leçon de vie


Une nuit de grand vent
Je me suis installée
Devant la cheminée
Où pétillait gaiment
Le Feu

Les fées et les gais lutins
Qui volettent follement
Dans les flammes d'argent
M'ont parlé jusqu'au matin
Dans le Feu


Ils m'ont dit en chantant
N'écoute pas les avis
De tous ces ignorants
Et suis tranquillement ta vie
Près du Feu


Ils ont gravé dans mon cœur
Leur joie de vivre optimiste
Et m'ont dit de jeter vite
Tout ce qui trouble mon bonheur,
Dans le Feu


Ils m'ont également appris
Que nul n'est le centre du monde
Et que tous les hommes d'ici
Ont besoin de rentrer dans la ronde
Du Feu


Écoutez vous aussi parler dans la nuit
Lorsque vous assaillent les ennuis
Ce silencieux compagnon de votre vie
Le meilleur de tous vos amis :
Le Feu


(12-14 ans)

 

 

 

 

 

 

1 avril 2022

Poèmes de jeunesse - 37: J'ai vu les fleurs blanches s'en aller...

J'ai vu les fleurs blanches s'en aller au fil de l'eau
J'ai vu les filles pleurer au fond de jardins froids
L'Amour prisonnier et la vie qui s'enfuit à grands pas
J'ai vu l'homme plié en deux par la fièvre qui brûle sa peau

J'ai vu dans l'hôpital immense et blanc
L'enfant se tordre de douleur sans crier
J'ai vu dans son bocal le poisson angoissant
Me fixer à travers la paroi de verre épais

J'ai vu la tristesse d'une population entière
Qui baisse les yeux en marchant, honteuse.
J'ai vu la croix sans noms, dans les grands cimetières,
Ceux qui sont morts par la flamme vénimeuse...

Non, je ne veux plus revoir en quelques instants
Une ville ravagée et une société anéantie
Je ne veux plus revoir Hiroshima et ses tourments.

 

Jeune fille nue au nounours - sanguine SG) -Capture d’écran 2022-04-01 091932

 

 

 

1 avril 2022

Poèmes de jeunesse - 36: L'enfant d'Hiroshima

31524519

L'enfant d'Hiroshima

 

Le coquillage nacré de son oreille
Luit sur la plage pâle de l'oreiller
Le soleil pour jouer caresse ses joues rondes
Et l'ombre maquille ses oreilles blondes

Enfant il est, enfant il dort,
Mais à son chevet veille la Mort...

Si vous avez le cœur trop sensible
Lorsqu'il s'éveille fuyez-le le plus vite possible :
Dans ses yeux vides japonise un cauchemar
De chairs éclatées et de visages hagards,
Dans son sang les chromosomes détruits
Mènent une sarabande de sorcière à grand bruit...


Monstre vivant, petit corps innocent
Qui abrite les germes de la fin du monde existant
Puisse les hommes comprendre à temps
La portée de ton douloureux sacrifice d'enfant !...

Publicité
1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 > >>
L'univers poétique de Marie Duval, "Princesse des poétesses"
  • Faire connaître la poésie de Marie Duval, poétesse contemporaine, experte dans le poème court inspiré du haïku, mais aussi auteure de poèmes d'Amour et de Connaissance, de chansons (mises en musique par Aube de l'Etoile), etc
  • Accueil du blog
  • Créer un blog avec CanalBlog
Publicité
Archives
Publicité